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Yuli Velásquez : la défenseuse colombienne aux côtés de sa communauté

 

Peace Brigades International célèbre la Journée des droits humains le 10 décembre 2024, une journée pour faire entendre les voix et les victoires des femmes qui défient sans crainte le statu quo. Ces femmes courageuses ne se contentent pas de défendre des droits ; elles façonnent l’avenir en défendant nos libertés fondamentales, notre planète commune et la dignité de tous les êtres humains. Depuis plus de 40 ans, PBI veille à ce que les femmes défenseuses des droits humains puissent faire leur travail en toute sécurité et de manière efficace.

«Personne ne vous paie pour être un leader, vous le faites par vocation. Mais être un leader vous permet de sauver des vies, de sauver des sources d’eau, de sauver des fleurs et des plantes, et nous sommes satisfaits parce que nous regardons autour de nous et voyons tout ce que nous avons sauvé.»

- Yuli Velazquez

Introduction

La défenseuse de l’eau Yuli Velasquez se bat pour la protection de l’eau propre afin d’assurer un avenir aux animaux, aux plantes et à sa communauté, en Colombie, ce qui signifie également se battre pour sa propre vie. En 2022, la Colombie était à nouveau citéé comme le pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l’environnement pour la deuxième année consécutive, avec 60 dirigeants assassinés. Même au niveau mondial 30%de toutes les attaques contre les défenseurs des droits de l’homme sont liées aux secteurs extractivistes tels que le pétrole et l’exploitation minière. Yuli et les courageux femmes défenseuses poursuivent leur dévouement à l’environnement malgré les obstacles.

Formée par l’eau

Yuli Velasquez a grandi au bord du fleuve Magdalena, dans le nord-ouest du département de Santander, en Colombie, dans l’une des nombreuses communautés dont la vie est étroitement liée aux zones humides de San Silvestre. La ville de Yuli, Barrancabermeja, est un dangereux carrefour entre les acteurs armés, les entreprises extractivistes et les membres de la communauté, comme ses parents, qui protègent les animaux et l’eau de la pollution. Yuli a appris la responsabilité de prendre soin de la terre de sa maman Yasmin, une éminente dirigeante sociale, et de son beau-père, un dirigeant et pêcheur assassiné par des paramilitaires pour son travail de promotion de la protection de l’environnement au détriment du profit. Malgré sa lutte constante, Yuli a constaté une augmentation des polluants dans l’eau, des lamantins morts sur les rives et de la violence sur les berges.

Menaces sinistres pour l’environnement

Yuli cite des entreprises telles que Ecopetrol, la plus grande compagnie gazière de Colombie, qui a transformé sa région de Magdalena Medio en un paysage d’extraction pétrolière. Alors que la santé des communautés riveraines s’affaiblit, les liens présumés entre Ecopetrol et les groupes paramilitaires sont devenus plus evidents. Aujourd’hui, en tant que directrice de la Fédération des pêcheurs artisanaux, environnementaux et touristiques de Santander (Fedepesán) l’organisation s’occupe de la protection des sources d’eau de différentes espèces végétales et animales ainsi que de l’éducation à l’environnement, ses responsabilités l’amènent à s’enfoncer dans les zones humides isolées, même la nuit, afin de pouvoir surveiller avec précision la vie aquatique. Auparavant, ils ne pouvaient même pas atteindre certaines parties des zones humides parce que des individus armés et identifiés patrouillaient dans les cours d’eau. Yuli dit maintenant avec la présence et le soutien de PBI et CREDHOS les agresseurs voient les gilets verts de PBI et se demandent «qui sont-ils ?»et «d’où viennent-ils ?» - ils savent que la communauté internationale les observe.

Les visages de la violence

Tout au long de l’accompagnement de Credhos, PBI a été à leurs côtés dans diverses circonstances en raison du risque élevé auquel ils sont confrontés ; Yuli, par exemple, a parlé publiquement de corruption parmi les acteurs locaux tels que la Corporación Autónoma Regional de Santander et l’Unión Temporal San Silvestre. La réaction a été intense et violente : à ce jour, pas moins de trois tentatives d’attentat à sa vie par des acteurs armés. 

 

Les femmes qui font ce travail sont confrontées à des risques différents, à la fois en tant que défenseuses et en tant que femmes. Les stratégies répressives mises en place visent non seulement à intimider, mais aussi à nuire à la crédibilité des femmes défenseurs et des leaders comme Yuli ; une conséquence directe est la création de la peur et la rupture du tissu social, qui fait que les membres de la communauté ont peur de manifester publiquement leur soutien par crainte de représailles. Yuli dit que dans les conversations privées, beaucoup la soutiennent mais lui disent «regarde tout ce qui t’est arrivé, si nous parlons, la même chose nous arrivera». Elle comprend leur résistance, mais reste ferme dans son affirmation qu’ils forment une communauté plus forte lorsqu’ils s’expriment contre les injustices, même s’ils doivent constamment regarder par-dessus leur épaule.


Futures générations de défenseurs de l’eau

Yuli rapporte que les jeunes générations ne sont pas aussi intéressées par le contact avec la nature en raison de la stigmatisation négative liée à l’adhésion au mouvement de sauvegarde de l’environnement. À un moment donné, ses enfants ont même demandé à quitter Barrancabermeja à la recherche d’une vie plus sûre, ce qui était impossible. Au lieu de cela, elle les a emmenés avec elle pour participer davantage au travail et ils ont acquis un plus grand respect pour leur mère et leur rôle dans la protection de l’eau. Il est essentiel de développer une résistance intergénérationnelle pour se protéger et protéger la terre. Yuli travaille au sein de la communauté avec des personnes de tous âges pour montrer que tout le monde peut participer à la protection de la communauté. Lorsque les plus jeunes voient une grand-mère prendre le temps de participer au mouvement, les enfants se disent «si elle peut le faire, quelle excuse avons-nous ?» Des groupes d’étudiants viennent des universités de la capitale du pays, Bogota, pour apprendre des communautés la richesse de la diversité naturelle de la Colombie et la nécessité pour elles de défendre les droits de l’eau.

Conclusion

Pour Yuli, protéger l’eau du Magdalena Medio ne signifie pas seulement sauver l’écosystème, mais aussi préserver les pratiques des communautés de pêcheurs artisanaux comme la leur pour les générations à venir. Dans les moments de stress, elle est réconfortée par la présence des volontaires de PBI dans sa communauté. Yuli Velasquez rappelle à tous qu’être un défenseur de la terre nécessite une forte résilience, une communauté connectée et un espoir inébranlable qu’un monde meilleur est possible.

Yadira Sánchez-Esparza